mercredi 16 janvier 2008

Citations

Les nourritures terrestres (1897), André GIDE (1869-1951)
Livre Premier, I. "Tandis que d'autres publient ou travaillent, j'ai passé trois années de voyage à oublier au contraire tout ce que j'avais appris par la tête. Cette désinstruction fut lente et difficile; elle me fut plus utile que toutes les instructions imposées par les hommes, et vraiment le commencement d'une éducation."
"La mélancolie n'est que de la ferveur retombée."
"[...]: toute sensation est d'une présence infinie."
"On est sûr de ne jamais faire que ce que l'on est incapable de comprendre. Comprendre c'est se sentir capable de faire. ASSUMER LE PLUS POSSIBLE D'HUMANITE, voilà la bonne formule."
II. "[...] je cherchais dans l'épuisement de la chair une libération de l'esprit."
III. "Nathanaël, que chaque attente, en toi, ne soit même pas un désir, mais simplement une disposition à l'accueil? Attends tout ce qui vient à toi; mais ne désir que ce qui vient à toi. Ne désir que ce que tu as."
"Il ne suffit pas de lire que les sables des plages sont doux; je veux que mes pieds nus le sentent... Toute connaissance que n'a pas précédée une sensation m'est inutile."
Livre Deuxième: "Ce que j'ai connu de plus beau sur la terre,
Ah! Nathanaël! c'est ma faim."
"[...] ne demeure pas auprès de ce qui te ressemble; ne demeure jamaisn Nathanaël. Dès qu'un environ a pris ta ressemblance, ou que toi tu t'es fait semblalble à l'environ, il n'est plus pour toi profitable. Il te faut le quitter. Rien n'est plus dangereux pour toi que ta famille, que ta chambre, que ton passé. Ne prends de chaque chose que l'éducation qu'elle t'apporte; et que la volupté qui en ruisselle la tarisse."
Livre Toisième: "Volupté! Ce mot, je voudrais le redire sans cesse; je le voudrais synonyme de bien-être, et même qu'il suffit de dire être, simplement."
"Colline de Vincigliata. Là j'ai vu pour la première fois les nuages, dans l'azur, se dissoudre; je m'en étonnai beaucoup ne pensant pas qu'ils pussent ainsi se résorber dans le ciel, croyant qu'ils duraient jusqu'à la pluie et ne pouvaient que s'épaissir. Mais non: j'en observais tous les flocons un à un disparaître; - il ne restait plus que de l'azur. C'était une mort merveilleuse; un évanouissement en plein ciel."
"(Tant de fois j'ai senti la nature réclamer de moi un geste, et je n'ai pas su lequel lui donner.)"
Livre Quatrième, I: "Mon âme était l'auberge ouverte au carrefour; ce qui voulait entrer, entrait. Je me suis fait ductile, à l'amiable, disponible par tous mes sens, attentif, écouteur jusqu'à n'avoir plus une pensée personnelle, capteur de toute émotion en passage, et de réaction si minime que je ne tenais plus rien pour mal plutôt que de protester devant rien. Au reste je remarquai bientôt de combien peu de haine du laid s'étayait mon amour du beau.
Je haïssait la lassitude, que je savais faite d'ennui, et prétendais que l'on tablât sur la diversité des choses."
"[...] toute sensation me devenait une sorte d'ivresse."
"Pourtant, à vingt-cinq ans, non lassé de voyages, mais tourmenté par l'excessif orgueil que cette vie nomade avait fait croître, je compris ou me persuadai que j'étais mûr enfin pour une forme nouvelle.
Pourquoi? pourquoi, leur disais-je, me parlez-vous de partir encore sur les routes; je sais bien que de nouvelles fleurs, au bord de toutes, ont fleuri; mais c'est vous, à présent, qu'elles attendent. Les abeilles ne butinent qu'un temps; aprèsse font trésorières."
"L'habitude de ta pensée te gêne; tu vis dans le passé, dans le futur et tu ne perçois rien spontanément. Nous ne sommes rien, Myrtil, que dans l'instantané de la vie; tout le passé s'y meurt avant que rien d'à venir y soit né. Instants! Tu comprendras, Myrtil, de quelle force est leur présence! car chaque instant de notre vie est essentiellement irremplaçable: sache parfois t'y concentrer uniquement."
II: "Je préfère dire que ce qui n'est pas, c'est ce qui ne pouvait pas être."
Livre Cinquième, I: "Il y a des jours et d'autres jours encore. Il y a des matins et des soirs."
II: "... Etre me devenait énormément voluptueux. J'eusse voulu goûter toutes les formes de la vie; celles des poissons et des plantes. Entre toutes les joies des sens, j'enviais le toucher."
Livre Sixième: "Nathanaël, je veux enflammer tes lèvres d'une soif nouvelle, et puis approcher d'elle des coupes pleines de fraîcheur. J'ai bu; je sais les sources où les lèvres se désaltèrent."
Livre Septième:
*
Don Quichotte Tome I (1605), Miguel de CERVANTES (1547-1616)

Prologue au lecteur: "Soyez plutôt attentif à choisir des termes simples, clairs et précis, à faire des phrases qui coulent avec vivacité et harmonie; à dépeindre, aussi justement que possible, tout ce que conçoit votre imagination; à exprimer votre pensée sans l'obscurcir ni l'embrouiller. Tâchez aussi qu'en lisant votre histoire le lecteur mélancolique ne puisse s'empêcher de rire, ni le rieur de s'esclaffer, que l'homme simple ne s'ennuie pas, que l'homme d'esprit en admir l'ingéniosité, que les personnes graves ne la méprisent point, que les sages ne lui refusent pas leurs éloges. En un mot, ne perdez pas de vue votre dessein, qui est de démolir ces inventions chimériques que sont les romans de chevaleries, [...]"
Chapitre VII: "[...]: on a bien raison de dire que les innocents paient parfois pour les coupables." Chapitre IX: "[...], si une histoire est vraie, elle ne peut être mauvaise."
Chapitre XV: "[...], on a raison de dire qu'il faut du temps pour bien connaître les gens, et qu'il n'y a rien d'acquis sur cette terre."
Chapitre XVI: "[...], ce n'est pas parce qu'on cherche qu'on trouve."
Chapitre XXI: "Les proverbes disent vrai, car ce sont des maximes tirées de l'expérience, mère de toutes les sciences; [...]." "[...] les longs discours sont très vite ennuyeux."
Chapitre XXVIII: "[..] la musique apaise les coeurs troublés et soulage les inquiétudes qui viennent de l'esprit."
Chapitre XLVIII: "[...] il vaut être loué par quelques gens d'esprit que raillé par une foule d'imbéciles, [...]."
"Selon Cicéron, le théâtre doit être le miroir de la vie, un exemple pour les moeurs, et l'image de la vérité; [...]."
Chapitre XLIX: "Chaque époque a ses coutumes, et on ne doit pas les remettre en question, ni en tirer des conclusions hâtives."
Chapitre L: "Mangez un morceau et buvez; il n'y a rien de tel pour apaiser la colère; [...]."
Dom Quichotte Tome II (1615), Miguel de CERVANTES (1547-1616)
Chapitre VI: "[...] on peut réduire tous ceux qui sont au monde à quatre espèces ou familles différentes. Premièrement, ceux qui, étant d'humble naissance, ont su s'élever et atteindre à une grandeur extrême; deuxièmement, ceux qui, étant de noble naissance, ont su maintenir et conserver leur noblesse dans l'état où elle leur a été donnée; le troisième famille comprend ceux qui, bien que de noble naissance, finissent amincis en pointe, comme une pyramide, parcequ'ils ont diminué puis réduit à néant leur grandeur, leur base d'origine; et enfin les autres, les plus nombreux, ceux qui n'ont eu ni un bon commencement ni un honnête milieu, et dont la fin ne peut qu'être tout aussi anonyme, comme c'est le cas pour la famille des plébéiens et des gens ordinaires."
"Ce n'est pas la possession, mais l'usage de la fortune qui rend heureux; encore faut-il savoir dépenser."
Chapitre VII: "[...] conseil de femme ne vaut pas un clou, mais quiconque ne le suit pas est bien fou."
"[...] tant qu'on gagne quelque chose, on ne perd rien."
Chapitre VIII: "[...] le désire d'édifier sa renommée induit l'homme à toutes sortes d'excès."
Chapitre XI: "[...], les chagrins n'ont pas été faits pour les bêtes, mais pour les hommes. Cependant, si les hommes s'y laissent un peu trop aller, ils deviennent des bêtes."
Chapitre XII: "[...] les unes et les autres [les pièces de théâtre] sont de grande utilité au genre humain, en offrant à chacun un miroir où il peut y voir sur le vif se dérouler ses actions. Nulle autre image ne nous représente plus au naturel ce que nous sommes et ce que nous devons être que celle que nous propose le théâtre et les comédiens."
Chapitre XV: "Il est toujour facil de faire des projets et même de les entreprendre, mais beaucoup plus difficile de les mener à bien."
Chapitre XXXIV: "[...], là où il y a de la musique, il n'y a rien à craindre." (Sancho)
Chapitre XLII: "[...], tu dois t'examiner et essayer de te connaître toi-même, ce qui est la plus difficile des connaissances qui se puisse imaginer.
Chapitre LIII: "Vouloir qu'en cette vie les choses durent toujours dans l'état où elle sont, c'est prétendre l'impossible."
Chapitre LIV: "Car tant qu'on mange et qu'on boit, les soucis ont peu d'autorité sur nous."
Chapitre LVIII: "Sache que l'Amour ne respecte rien, Sancho, et ne s'embarrasse ni de mesure ni de raison. En cela il ressemble à la mort, car il s'attaque aux donjons des palais comme à la cabane du berger. Et quand il prend possession d'une âme, la première qu'il fait, c'est d'en chasser la crainte et la pudeur." (Don Quichotte)
"Sache qu'il y a deux sortes de beauté, Sancho: celle de l'âme et celle du corps. La beauté de l'âme brille et se manifeste dans le jugement, l'honnêteté, la bienséance, la générosité, l'éducation. Or, toutes ces qualités peuvent se rencontrer chez un homme laid. Pour quiconque chercher cette beauté-là et non celle du corps, l'amour n'est que plus ardent et plus durable. [...]. Et il suffit à un honnête homme de ne pas avoir l'air d'un monstre pour être aimé d'amour, pourvu qu'il possède les qualités d'âmes dont je t'ai parlé." (Don Quichotte)
Chapitre LXII: "[...]; c'est à travers nos actions que ce manifeste ce que nous avons dans le coeur."
Chapitre LXVI: "D'ailleurs, j'ai entendu dire que celle qu'on appelle la Fortune n'est qu'une femme écervelée et capricieuse, et qu'en plus, elle est aveugle; comme elle ne voit pas ce qu'elle fait, elle ne sait pas qui elle renverse ni qui elle élève."
"[...]: chacun est l'artisan de sa destinée."
Chapitre LXVII: "[...], il ya une grande différence entre les actions que l'on fait par amour et celles que l'on fait par gratitude. (Don Quichotte)
Chapitre LXVIII: "Béni soit celui qui a inventé le sommeil: manteau qui couvre toutes les pensées des hommes, aliment qui supprime la faim, breuvage qui étanche la soif, feu qui garantit du froid, froid qui tempère la chaleur; bref, monnaie universelle avec laquelle on peut tout acheter, balance où pèsent d'un poids égal le berger et le roi, le sot et le sage. Le sommeil n'a qu'un seul défaut, à ce qu'on dit, c'est qu'il ressemble à la mort; et c'est vrai qu'entre un dormeur et un mort, il n'y a pas grande différence." (Sancho)
Chapitre LXX: "Quand on en vient aux reproches, [...], c'est que le pardon est proche."
Chapitre LXXIV: "Comme rien de ce qui appartient à l'homme n'est éternel, car en ce monde les choses vont en déclinant de leur commencement à leur fin dernière, en particulier la vie humaine, [...]."

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